Depuis plusieurs années, on parle beaucoup de la perte de confiance envers les responsables politiques. Cette impression qu’ils ne comprennent plus vraiment ce que vivent les gens, qu’ils décident de loin, sans lien avec le quotidien et les réalités concrètes. Ce sentiment s’est installé progressivement, alimenté par des promesses non tenues, une complexité croissante des discours, et une distance, parfois physique, souvent symbolique.
Ce même sentiment s’invite aujourd’hui dans le monde de l’entreprise. De plus en plus de collaborateurs expriment une forme de méfiance — pas toujours bruyante, mais bien réelle — envers leur direction, leur encadrement, leur organisation. Comme si l’écart s’était creusé entre ceux qui fixent le cap et ceux qui « rament ».
C’est un malaise diffus : des dirigeants sincèrement engagés, mais dont les intentions ne parviennent plus à être perçues, traduites, incarnées. Des équipes qui se sentent mises à distance.
Ce décalage, je le vois aussi entre les générations. Les plus jeunes attendent du sens, du dialogue, un style de management plus ouvert, plus humain. En face, certains managers expérimentés peinent à trouver l’équilibre entre leurs repères d’hier et les attentes d’aujourd’hui.
Mais il n’est pas question d’opposer. Ni les générations, ni les niveaux hiérarchiques. Ce qui manque, ce n’est pas la compétence, ni l’envie : c’est le lien.
Retisser ce lien, c’est revenir au terrain. C’est aller voir, écouter, s’étonner, questionner sans juger. C’est accepter de ne pas tout savoir, et faire de cette posture une force.
Un leadership juste n’est pas celui qui contrôle tout, mais celui qui reste connecté. Connecté aux réalités et aux ressentis.
Cette reconnexion, elle peut commencer simplement, mais pas superficiellement :
🟢 en repensant les canaux de communication pour qu’ils soient plus ouverts et moins descendants,
🟢 en instaurant de nouveaux rituels, réguliers, vivants, où l’on partage vraiment ce qui compte,
🟢 en adaptant l’organisation pour laisser davantage de place à la parole, à l’écoute, au collectif.
Ce sont ces petites bascules, concrètes et sincères, qui recréent de la confiance.
Mais pour que cela tienne dans le temps, il y a un socle à ne pas négliger :
la clarté et le partage de valeurs communes.
Des valeurs incarnées, portées, assumées. Pas juste affichées dans un couloir ou glissées dans un livret d’accueil, mais vécues au quotidien.
C’est en co-construisant autour de ce socle qu’on redonne du sens, qu’on recrée de l’élan, et qu’on fait équipe — pour de vrai.